LES DOMMAGES PSYCHIQUES DE LA TRANSPHOBIE AU MAROC: UNE SÉQUELLE POST-COLONIALE?

B.B

Au Maroc, et ce depuis la colonisation française, l’homosexualité est pénalisée par l’article 489  introduit au Maroc par le Général Lyautey.  Bien que l’indépendance du Maroc date de 1956 ce n’est qu’en 1963 que l’article est inclus dans le code pénal marocain. Il mentionnera que : “tout acte licencieux ou contre-nature avec un individu du même sexe

est punissable de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement et/ou d’une amende de 120 à 1200 dirhams, sauf si les circonstances de l’infraction ne constituent pas une circonstance aggravante”.

Tandis qu’aucun article ne criminalise explicitement la transidentité, ce vide juridique amènera tout de même les autorités publiques à employer toutes stratégies permettant l’emprisonnement des personnes trans en vertu d’autres articles du Code pénal utilisés pour l’arrestation de nombreuses personnes LGBTQI+. Plus précisément, l’article 490 condamnant les comportements sexuels entre deux personnes hétérosexuelles non mariées à une peine de prison allant d’un mois à un an, de même que l’article 491 punissant l’adultère de un à deux ans de prison. Ces lois liberticides laisseront les autorités marocaines user de leur pouvoir pour criminaliser les personnes homosexuelles et/ou transgenres. 

L’article 489 pénalisant l’homosexualité, mais n’employant que des termes vagues, quasi-euphémistiques, comme pour ne pas utiliser les termes “homosexuels ou “transgenres”, soulignant le rejet et le dénigrement de la communauté, en allant jusqu’au refus d’usage, comme pour nier son existence. 

Ainsi, ce mécanisme mettrait non seulement en évidence la volonté du législateur de renier l’existence de cette communauté, mais aussi une volonté, encore d’actualité, de condamner et d’éviscérer toute minorité sexuelle de la population.

DOMMAGES PSYCHIQUES DE LA TRANSPHOBIE À L’ÉCHELLE INTERNATIONALE

À l’heure actuelle, aucune étude sur la suicidalité des personnes trans au Maghreb n’a été réalisée. Nous nous appuierons alors sur les chiffres en France, en Europe et aux États-Unis qui ont révélé en 2014 un risque 10 fois plus élevé de se suicider chez les personnes transgenres que chez les personnes cisgenres. 

Des données terrifiantes, mais surtout dénonciatrices de l’ampleur des conséquences de la transphobie sur la santé physique et psychique de la communauté trans. Dans un rapport publié en 2015, l’OMS avait mis en évidence le lien entre les discriminations basées sur le genre et une augmentation du taux de suicides des personnes LGBT s’élevant à 12-13% contre 3-4% chez la population globale. Un chiffre en hausse lorsqu’il s’agit des personnes trans de 16 à 26 ans, dont 69% qui auraient “déjà pensé au suicide” et 34% qui auraient déjà tenté de se donner la mort. Des taux de suicides qui, selon l’OMS, tendent à être sous-estimés en raison de l’insuffisance des systèmes de surveillance, ou parce que les suicides sont attribués à des morts accidentelles ou encore parce qu’ils sont criminalisés dans certains pays.

En fonction du contexte local, l’OMS inclut dans une liste exhaustive   les personnes victimes de discrimination et de violations des droits de l’Homme, les personnes lgbt+, comme cibles privilégiées d’insultes et de coup, et de discrimination en raison de leur inadéquation aux normes de la féminité ou de la masculinité, de leur orientation sexuelle réelle ou supposée.

On constate alors chez les personnes souffrant de troubles mentaux des taux d’incapacité et de mortalité plus élevés que la moyenne. Par exemple, les personnes atteintes de dépression majeure et de schizophrénie ont 40 à 60 % plus de risques que la population générale de mourir prématurément.

DOMMAGES DE LA TRANSPHOBIE DÉCOULANT DU CONTEXTE SOCIAL ET INSTITUTIONNEL AU MAROC

Malgré la multiplication des discours anti-lgbtophobes, la création de dizaines d’associations depuis les détentions de Tétouan en 2004 et de la mise en place d’initiatives visant à promouvoir le droit à la diversité des orientations sexuelles et à sensibiliser les jeunes et les moins jeunes contre les LGBT-phobies (lesbiennes, gays, bi, trans), les discriminations et autres formes de rejet liées au genre et à l’orientation sexuelle continuent d’avoir cours au Maroc.

Internet offre désormais de nouvelles possibilités aux jeunes pour aborder leurs questionnements relatifs à leur transidentité et pour les aider dans le processus de découverte et d’affirmation de celle-ci. C’est particulièrement vrai pour les jeunes les plus isolés ou qui évoluent dans un environnement familial et culturel hostile, rendant l’affichage public de leur transidentité inconcevable. Les événements l’ont montré ces dernières années, l’avènement des réseaux sociaux, et du cybermilitantisme transféministe lgbt, a aidé une part de la population à se sensibiliser aux questions lgbt, et offert un espace d’écoute et de soutien aux minorités sexuelles de la région SWANA. 

 Néanmoins, tandis qu’une petite part de la population tend vers l’acceptation et la tolérance, une autre part de celle-ci tend plutôt vers le rejet radical des questions lgbt sous couvert d’une protection « des valeurs morales de la société marocaine », allant jusqu’à employer les réseaux sociaux comme un outil de persécution via le cyberharcèlement.

Exemple : A.A., un.e jeune marocain.e interviewé.e par Nassawiyat victime de la campagne de outings lancée par l’influenceuse Sofia Taloni en Mars 2020 ayant subi par la suite des violences émotionnelles et psychologiques de la part de sa famille et de sa communauté et des répercussions considérables sur sa santé mentale.

La catégorisation des transidentités (comme de l’homosexualité) comme des concepts étrangers est commune dans la plupart pays d’Afrique et une forme de néocolonialisme constitue un obstacle majeur aux droits des LGBTI sur le continent.

Pourtant,  les transidentités et l’homosexualité ne sont pas nouvelles en Afrique. Ces dernières existent sur le continent depuis des siècles à travers divers peuples et dans différentes zones géographiques. Des gravures retrouvées sur les murs d’un mastaba (édifice funéraire égyptien) à Saqqarah en Égypte et montrant deux hommes s’embrassant peuvent l’illustrer. Cela suggère alors des relations entre personnes du même sexe datant déjà de la 5ème dynastie égyptienne (-2500 ; -2300).

L’Ouganda qui avait le statut de protectorat autonome britannique de 1894 à 1962 était essentiellement constitué -avant cette colonisation européenne- du royaume du Buganda où la transidentité faisait partie intégrante de la vie culturelle du pays. Ce sont le groupe des Mudoko Dako (Dako pour femme), représenté par des hommes, considérés par le peuple Langi comme un genre alternatif et traité comme des femmes. Ces derniers s’habillaient comme elles et adoptaient même leurs rôles traditionnels. Les mariages avec d’autres hommes étaient possibles sans qu’il n’y ait de sanction sociale au sein de la communauté Langi.

De même en Angola, chez le groupe ethnique des Quimbandas qui s’habillaient en femme et se comportaient en tant que telle. Au sein de leur peuple résidait le grand prêtre Ganga-Ya-Chibanda qui adoptait une expression de genre féminine et se faisait appeler « grand-mère ».

Aujourd’hui, il y a un paradoxe. Celui de la transidentité et de l’homosexualité/lesbianisme comme importation occidentale/européenne. Une idéologie qui soulève leur rejet de la part la majorité des pays africains, voire même leur condamnation. Cette idée que l’homosexualité est antagoniste à l’Afrique.

À l’inverse, pour beaucoup, le christianisme n’est pas considéré comme une importation coloniale. C’est d’ailleurs en partie dû à l’influence de cette religion dans la sphère politique que sont induites les LGBTphobies. 

De ce fait, nous pouvons alors supposer que les LGBTphobies sont une forme d’acculturation induite par la colonisation européenne. Celle-ci se définit comme “un processus par lequel une personne ou un groupe assimile une culture étrangère à la sienne”. C’est ainsi que l’homophobie et la transphobie par exemple vont petit à petit s’immiscer dans les sociétés africaines. 

Les lois sur les mœurs au Maroc ayant été introduites durant la période coloniale rendent difficile aujourd’hui et depuis, la conception d’un Maroc précédemment plus tolérant, et ouvert sur les questions de genre, et d’orientations sexuelles. Et pourtant, il le fut!

Ce phénomène n’étant pas seulement observable au Maroc. En Afrique subsaharienne par exemple, plusieurs articles du Code pénal hérités des lois coloniales britanniques permettent de punir de prison les pratiques homosexuelles en Ouganda.  

Ceci s’explique par le processus d’assimilation qui correspond au fait pour un pays, ici colonisateur, de chercher à intégrer un groupe ou une minorité dans sa population en lui enlevant sa culture. Pour cela, on va venir se servir de l’éducation comme instrument pour imposer aux jeunes la langue, la religion, les lois et l’histoire de leur métropole européenne. Les populations africaines vont alors subir ce phénomène “d’ acculturation”. C’est ainsi que l’homophobie et la transphobie par exemple vont petit à petit s’immiscer dans les sociétés africaines. 

Les pays africains considèrent les transidentités comme l’homosexualité, comme le symbole de l’Occident et une pratique spécifique aux pays occidentaux, ce qui mène à son rejet dans les différentes sociétés. Comme le montre le site Global attitudes Survey on LGBT people (ILGA), en 2016, 51% des Africains pensent que l’homosexualité est un phénomène occidental. Cependant, nous pouvons plutôt penser que c’est l’homophobie qui est une importation coloniale.

 L’idée d’une homosexualité comme pratique occidentale fut accentuée par des auteurs et des ethnographes occidentaux de l’époque coloniale qui soutenaient que l’homosexualité à l’époque de la colonisation, que les quelques rares cas de minorités sexuelles observés en Afrique étaient dus à l’influence coloniale, comme le démontre ces propos : « deux vices très répandus dans les sociétés civilisées : onanisme et sodomie, étaient entièrement inconnus avant l’arrivée de la « civilisation ». Il n’en n’est plus malheureusement ainsi ».

Ainsi, en milieu dominé par la culture et la morale chrétienne, où les amours hétérosexuels hors mariage sont problématiques et entachées de souillure, il est évident que l’homosexualité a été frappée d’ostracisme et vigoureusement condamnée. En revanche, la situation est différente en milieu musulman. Nous en voulons pour preuve les observations que fit Joseph Pitts, un jeune Anglais capturé en 1678 par les corsaires barbaresques algériens : « Ce péché abominable de sodomie est si loin d’être châtié chez eux […]. Il est aussi courant ici [en Algérie] pour les hommes de tomber amoureux de garçons que ça l’est en Angleterre d’être amoureux d’une femme ». 

De même pour ceux qui sont décrits en arabe, comme les mukhanathun, sont souvent associés à ceux et celles que l’on qualifierait aujourd’hui de transgenres et d’intersexes. 

L’histoire le montre bien, les transidentités ont toujours existé, ce qui réfute la théorie sur l’arrivée de la communauté avec les européens.

Tandis que certain.es tentent de justifier leur homophobie, leur transphobie, et leur violence par leur interprétation de l’histoire coranique de “el mukhannatunn”,historiens, ethnologues, anthropologues et théologues s’accordent à dire par ailleurs et dans une autre version de ce même événement, que des hommes gays et des femmes transgenres bénéficiaient bien d’un statut particulier au sein du foyer du Prophète, parmi ses enfants et ses femmes. Ces dernières ne se voilaient pas devant eux. Néanmoins, cet événement tend à prouver clairement que les premiers musulman.es disposaient d’une connaissance profonde en matière de sexe, de genre et de sexualité : un homme efféminé n’en était pas pour autant, exclusivement, considéré comme étant gay, transidentitaire, ni même sexuellement impuissant, et inversement. 

Ce n’est pas le fait qu’iels aient été efféminé.es qui aurait provoqué ce jugement de la part du Prophète, mais bien le fait que l’un.e d’entre eulles, afin de se rapprocher des femmes de celui-ci, semble avoir simulé une indifférence sexuelle, envers les femmes, ce qui aurait suscité la méfiance envers ce dernier.

Aujourd’hui encore, en dépit du bon sens et des recherches en sciences humaines, nous sommes et malheureusement encore confronté.es à des individus qui pensent que la répression serait la seule réponse à apporter à la misère. 

LES DOMMAGES DE LA TRANSIDENTITÉ

Transgenre est un terme générique qui décrit un groupe diversifié de personnes dont le sens interne du genre est différent de celui qui leur a été attribué à la naissance. Le terme transgenre fait référence à l’identité et à l’expression de genre, et n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle. Le terme est de plus en plus connu dans le monde entier, bien que d’autres termes culturellement spécifiques puissent être utilisés pour décrire les personnes ayant une identité de genre non binaire.

L’expérience de la transidentité dans un monde hétéronormés laisse la plupart des personnes transgenres souffrir de dysphorie de genre. Certaines personnes transgenres ne ressentent aucune dysphorie, et pour d’autres, la dysphorie est davantage liée à la différence entre leur identité et la perception des autres. La dysphorie de genre se définit comme un phénomène complexe caractérisé par une détresse cliniquement significative due à l’incongruité entre le sexe assigné à la naissance et le sexe vécu.

Nombreuses sont les études qui ont montré l’impact des idées reçues et propos péjoratifs que ces différentes personnes peuvent tenir sur la transidentité ne sont pas sans conséquence sur la manière de vivre et/ou de la révéler. De même, une fois le coming-out ou l’outing survenu, le harcèlement des pairs ou les réactions de rejet dans la famille peuvent causer un profond mal-être et désarroi pour le jeune concerné.

Le désir d’être accepté par les autres est l’une des pulsions humaines les plus fondamentales et les plus répandues. 

Il va sans dire que lorsque ce désir est contrarié par le rejet, les gens réagissent de diverses manières négatives. Des chercheur.ses ont montré que les personnes ostracisées font état d’une diminution de leur santé physique et d’une augmentation du stress et de l’anxiété. Les personnes qui se sentent exclues et/ou rejetées sont alors plus susceptibles d’avoir des comportements autodestructeurs (à savoir des idées ou tentatives de suicide, et/ou de l’automutilation), elles voient leur estime de soi diminuer et sont le plus souvent sujettes à des troubles mentaux, comme le développement d’un trouble anxieux, dépressif, ou une psychose.

En raison de la détresse psychologique qu’induit le rejet social, et le souhait irrémédiable d’appartenir au genre opposé, ces personnes se retrouvent en constant conflit interne, et mettent en œuvre des stratégies pour pallier cela. 

Comme beaucoup de choses que les gens font pour modifier leur apparence extérieure (porter des talons hauts ou raser les poils du visage), le binding  (contention de la poitrine) en est une. En effet, le fait camoufler les seins par le bandage de ceux-ci en enroulant un morceau de tissu autour de la poitrine ou en achetant un binder comporte certains risques.

La contention peut affecter la peau, les muscles et les mouvements, en particulier pendant de longues périodes. Le fait de recouvrir étroitement la peau et la poitrine avec des matériaux qui ne permettent pas à l’air de circuler librement peut créer des environnements chauds et humides propices au développement d’infections bactériennes. Le port d’attaches trop serrées peut entraîner des lésions des tissus et des muscles sous-jacents, empêcher la liberté de mouvement et même restreindre la capacité de la personne à respirer.

Plusieurs problèmes d’ordre dermatologique, respiratoire et musculaire causés par le binding ont été signalés par des personnes (cicatrices, essoufflement, changements posturaux, fractures des côtes). 

Cependant, un grand nombre de personnes se sentent mieux mentalement et émotionnellement lorsqu’elles se lient. Selon des études, la ligature de la poitrine aide les gens à diminuer leur dysphorie de genre, ainsi que les sentiments d’anxiété ou de suicidalité, tout en augmentant leur confiance en public et leur estime de soi. Néanmoins, se binder sans précaution peut être considéré comme de l’automutilation. 

Tandis que l’automutilation est comprise dans le sens commun seulement comme l’expression d’une envie suicidaire, on aborde peu la possibilité  que la nature et la signification de celle-ci varient toutefois beaucoup d’une personne à l’autre. En outre, la raison pour laquelle une personne s’automutile peut-être différente à chaque fois, et il ne faut pas présumer qu’elle est la même. Elle reste néanmoins l’expression d’une détresse personnelle et peut-être pratiquée sans intention suicidaire de façon consciente ou inconsciente d’après chercheurs. 

Le binding étant une pratique souvent douloureuse qui témoigne d’une détresse personnelle (dysphorie),  peut être parfois défini comme une pratique d’automutilation quand les normes d’usage ne sont pas respectées (trop serrés pour mieux camoufler la poitrine), et que les durées maximales de port du binder sont dépassées. Il est alors nécessaire de prendre conscience des dangers qu’il peut comporter pour la santé physique et de questionner son rapport à soi, à son corps et à un éventuel désir inconscient de souffrance et/ou de destruction.  

Si vous êtes trans ou queer et que vous galérer à vous accepter :

6 Conseils pour un binding plus healthy

Chacun se lie différemment, l’astuce consiste à déterminer ce qui est le plus sûr et le meilleur pour vous!

1. Limitez le temps que vous passez à vous lier.

Ne portez pas de binder pendant plus de 8 à 12 heures et ne dormez pas en portant votre bandelette.  Planifiez des pauses quotidiennes et assurez-vous de ne pas vous binder tous les jours afin de réduire les effets secondaires négatifs. 

2. Évitez de vous binder pendant que vous faites de l’exercice.

 L’exercice est un moment où vous devez respirer profondément, bouger librement et où vous êtes plus susceptible de transpirer. Si vous voulez quand même aplatir votre poitrine durant l’exercice, cherchez un soutien-gorge de sport qui a cet effet.

3. Trouvez la bonne taille.

Un binder doit permettre de respirer normalement, alors faites quelques recherches pour trouver le soutien-gorge parfait pour vous et lisez les avis des clients pour vous faire une idée de la précision des tailles. Essayez de ne pas en acheter un qui soit trop serré – s’il provoque des douleurs, des coupures/traumatismes ou qu’il restreint votre respiration, alors vous devez passer à une taille ou deux pour éviter les problèmes de peau.

4. N’utilisez pas de pellicule plastique, de ruban adhésif ou de bandages.

Ils sont associés à une augmentation des symptômes négatifs. Le ruban adhésif peut endommager votre peau et les bandages peuvent se resserrer lorsque vous bougez. 

5. Bindez vous moins si vous prévoyez de faire une mastectomie.

Si vous prévoyez de subir une mastectomie ou une réduction mammaire (une intervention visant à réduire ou à enlever le tissu mammaire), il est préférable de ne pas utiliser votre binder aussi souvent, car cela peut affecter l’élasticité de votre peau et rendre l’opération plus complexe.

6. Soyez à l’écoute de votre corps.

Si vous ressentez de la douleur ou si vous avez de la difficulté à respirer, retirez votre binder ou bandage.

Ces conseils sont importants à prendre en compte parce que la première étape vers le bien être est le soin. 

QUELQUES RECOMMANDATIONS/TIPS : 

Pour un soutien moral et une communauté à laquelle s’identifier : 

Si vous ne vous sentez pas la possibilité de parler à une personne que vous connaissez, il existe des associations locales de soutien aux personnes transgenres auxquelles vous pouvez vous adresser. Beaucoup d’entre elles disposent de bénévoles auxquels vous pouvez vous adresser en toute confiance : 

Des Associations : Kif kif, Atyaf, Akaliyat, SAQFE, Groupe d’Action Féministe, Kasbah Tal’fin, Liqaat et Tanit, Nassawiyat…

Pour essayer de comprendre vos émotions:

Enquêtez sur vos émotions, questionnez-les continuellement, pourquoi je les ressens ? D’où proviennent-elles ? Vous auto-analyser peut vous aider à rationaliser lors d’une crise de dysphorie ou juste un moment d’anxiété. La dysphorie peut se manifester sous plusieurs formes, et cela dépend entièrement de la personne et de son vécu de celle-ci : cela peut être un inconfort constant ou des pensées parasites, de l’auto-persécution, de la gêne à la suite d’un commentaire ou de la frustration face à la vue de son corps etc… De ce fait, répondre à ces pensées parasites, même verbalement, par des pensées plus positives et rationnelles, peut aider à un reconditionnement du psychique, à la consolidation d’un schéma de pensée plus optimiste et tolérant envers vous-même. 

La méditation peut également être un bon moyen de contrer toute cette négativité.

Pour trouver des moyens sains de faire face à vos émotions dysphoriques. 

Faire en sorte que les vêtements jouent en votre faveur : de très bons conseils sont disponibles en ligne pour les personnes souffrant de dysphorie puisque les vêtements sont faits pour des corps cis, je sais que faire du shopping ou s’habiller tous les jours peut être une étape très difficile pour les personnes qui luttent contre la dysphorie. Alors, au lieu de vous auto-persécuter, essayez une manière plus saine pour faire face à ces émotions négatives. 

Quelques exemples 

  • Retrousser ses manches quand on porte un t-shirt 
  • Si vous ne pouvez pas vous couper les cheveux pour des raisons sociales ou si votre famille vous met la pression ou autre, vous pouvez tout simplement porter un chapeau.
  • Portez un sweat-shirt pour que vos épaules aient l’air plus larges.
  • Porter du noir donne un aspect plus plat aux personnes qui sont mal à l’aise avec leur poitrine.
  • Ou, au contraire, pour faire paraître le décolleté plus profond et les seins plus volumineux, utiliser du maquillage pour des effets d’ombrage. Le milieu du décolleté est rendu plus profond par l’utilisation d’une couleur de maquillage plus foncée que la couleur de peau, tandis que les zones les plus saillantes des seins (de chaque côté du décolleté) sont rendues plus grandes ou plus saillantes par l’utilisation d’une couleur plus pâle.
  • Travailler sa voix par de la speech therapy (même si cela n’existe pas encore au Maroc), plusieurs sites internet donnent accès à des conseils de professionnels. (http://t-vox.org/resources/podcasts).
  • Prenez soin de vos cheveux, hydratez-vous, faites des masques à base d’huiles naturelles, essayez d’utiliser le moins possible de lisseurs ou de sèche-cheveux.
  • Vous n’avez pas forcément besoin de porter beaucoup de maquillage, mais si vous vous sentez plus à l’aise en portant du make-up, n’oubliez pas de vous hydrater, de nettoyer et d’hydrater votre peau à l’aide de masques naturels ou de crème hydratante/bb crème le soir ou le matin avant de vous maquiller.

GENDER DISCOMFORT

Essayez d’être plus tolérant.e avec vous-même? Je sais que la dysphorie de genre peut être très difficile à gérer, mais il est important d’apprendre à aimer son corps, puisqu’il nous permet de respirer, de manger, de marcher, de parler et de faire de nombreuses autres merveilleuses choses. Je sais bien qu’il est facile de juste vous dire d’accepter vos imperfections, mais comme toute chose, l’amour et l’acceptation de soi est possible, des pratiques thérapeutiques quotidiennes de self-care (pour commencer) peuvent vous aider  :

  • En demandant de l’aide à un.e proche 
  • Détectez les moments où vous avez des pensées critiques ou désagréables à votre égard. Demandez-vous : est-ce que je dirais cela à un ami proche ? Un parent bien-aimé ? Un enfant ? Un chien ?
  • Écrivez comment vous vous sentez 
  • Entraînez-vous à vous dire des choses plus valorisantes, ne serait-ce que quelques secondes par jour. Dites-vous des choses que vous ne vous êtes jamais dites : prenez rendez-vous avec vous-même pour un rendez-vous chez le coiffeur ou au restaurant. Supposez que cela vous semblera ridicule au début, cependant nombreuses sont les expériences qui ont démontré les effets de ce genre de pratique.
  • Considérez la possibilité de croire les gens lorsqu’ils disent des choses agréables sur vous. Repérez-vous lorsque vous vous surprenez à prétendre qu’ils sont simplement « gentils ».
  • Lisez des ouvrages de psychologie ou de développement de soi.
  • Soyez attentif.ves aux moments où vous vous auto-persécutez ou lorsque vous ressentez de la culpabilité. Bien que nous ayons besoin d’un peu de culpabilité pour savoir quand nous avons enfreint nos valeurs morales, la plupart d’entre nous en ressentent beaucoup trop. Utilisez l’expérience de la culpabilité pour vous poser des questions telles que : « Ai-je le droit d’avoir des limites ? Ai-je le droit de prendre de la place dans mes relations ? »
  • Prenez de l’espace pour vous retrouver si besoin, mais restez vigilant.e si cette période s’étend dans le temps, cela peut être dû à une dépression.
  • Et surtout, entourez-vous de personnes aussi belles, aussi aimantes que vous.

Thérapies

Les thérapies psychanalytiques ou cognitivo-comportementales sont toutes les deux adaptées pour l’amour et l’acceptation de soi sont les TCC (thérapies cognitivo-comportementales), Une étude a montré que les TCC semble offrir un maintien des progrès à plus long terme comparé à la prise de médicaments qui comporte des effets secondaires, et des taux élevés de rechute.

Qu’est-ce qu’une thérapie cognitivo-comportementale ?

Les TCC sont des thérapies qui mettent l’accent sur des approches expérimentales pour d’abord comprendre d’où proviennent les émotions ou pensées parasites et à quoi elles sont associées, et pallier celles-ci.

Celles-ci s’appuient sur les théories du conditionnement mises en place par Pavlov (1903), Skinner (1930), Bandura (1961) et Beck (1960). 

La partie cognitive traite des erreurs dans la façon dont les individus traitent les informations perçues. Le thérapeute fait prendre conscience au patient des aspects très subjectifs que la situation vécue provoque en lui.

Pour ce faire, le thérapeute apprend  au patient à détecter ce qu’il se dit dans différentes situations difficiles afin d’identifier les types d’erreurs qui  contribuent au filtrage des éléments perceptifs. Ce travail se concentrera sur l’identification des croyances profondes des individus sur eux-mêmes, les autres et le monde.

Les comportements, les pensées et les émotions sont en interaction constante. Les émotions qui traversent l’individu favorisent certaines réponses comportementales au détriment d’autres. 

Ainsi, composante émotionnelle est abordée par le biais d’un travail spécifique portant sur les capacités à repérer, tolérer les émotions difficiles. De ce fait, l’identification explicite des émotions quant à elle la possibilité de mettre en place des réponses stratégiques, c’est-à-dire des réponses comportementales plus fonctionnelles, plus saines que les réponses automatiques.

Qu’est-ce qu’une psychothérapie psychanalytique ?

La psychothérapie psychanalytique se base essentiellement sur l’écoute de soi pour comprendre et découvrir les mouvements inconscients de l’esprit. Pour ce faire, le patient est invité par le psychanalyste à partir d’un élément donné ou de façon spontanée. Le but de l’exercice  étant que le/la patient.e, par la libération de sa parole, observe ses propres pensées, sa subjectivité, ses émotions, et qu’il/elle/iel établisse des liens entre évènements passés et les affects présents avec l’aide du psychanalyste.

L’importance de l’atmosphère est importante en psychanalyse. De ce fait, le cadre doit être neutre. Cette méthode est mise en œuvre par Freud à la fin du 19ᵉ siècle. 

Il découvre en effet que les symptômes psychiques sont souvent l’expression de conflits refoulés devenus inconscients qui remontent à nos vécus infantiles les plus anciens et qui sont liés à des tensions entre le désir et l’interdit. 

Ces conflits demeurent irrésolus et sont toujours actifs et peuvent perturber notre quotidien. Ils se présentent sous la forme de comportements irrationnels, de sensations et pensées dérangeantes, de phénomènes corporels, tous suscités par des pulsions inconscientes, qui peuvent être de nature aussi bien sexuelle qu’agressive.

De ce fait, la séance doit se dérouler dans un environnement calme et neutre pour empêcher tout stimulus d’altérer les pensées du patient.

On parlera alors d’association libre pour se référer à la libre circulation et expression des pensées sans jugement ni censure.

Bien qu’elle ait pu faire polémique du fait de ses fondements, la psychanalyse reste une méthode appréciée et efficace pour lever les refoulements inconscients des patients et dégager le sens qui se cache derrière leur(s) symptôme(s). 

INFORMEZ-VOUS

Se renseigner,  peut-être un bon moyen de normaliser sa transidentité, de comprendre,  de réduire/éliminer sa transphobie intériorisée. Internet donne accès à des articles informatifs, dénonciateurs, mais également à la possibilité d’accéder et de partager son expérience dans des forums, blogs, des pages ou des groupes sur les réseaux sociaux. De cette manière, réaliser que l’on n’est pas le ou la seul.e dans cette situation s’avère être une clé pour l’auto-acceptation et l’acceptation des autres.

Conseils pour les proches de personnes trans ou non binaires : 

  • Utilisez le nom et le pronom que la personne transgenre préfère.
  • Ne révélez pas l’identité trans d’une personne à d’autres personnes sans son consentement.
  • Respectez les décisions des personnes transgenres quant à l’opportunité, au moment et à la manière de leur transition.
  • Lorsque vous êtes avec d’autres personnes qui connaissent l’identité de la personne trans, corrigez-les si elles se trompent de noms et de pronoms.
  • Si vous fréquentez une personne, demandez-lui quels mots elle veut utiliser pour parler de son corps (par exemple, poitrine ou seins).
  • Utilisez des compliments et des descriptifs qui reflètent l’identité de genre de votre ami ou partenaire. Par exemple, si votre partenaire s’identifie comme une personne masculine, il préférera peut-être être appelé « beau » plutôt que « joli ». 
  • Lorsque vous avez du mal à voir votre ami.e ou votre partenaire de la manière dont il/elle le souhaite, il peut être préférable de traiter cette question avec un.e allié.e cisgenre plutôt qu’avec la personne trans. Mais veillez à le faire dans le respect de la vie privée de la personne trans. Par exemple, demandez d’abord à la personne transgenre avec qui vous souhaitez traiter.
  • Si vous fréquentez une personne transgenre (ou n’importe qui d’autre d’ailleurs), pratiquez le consentement de manière cohérente et attentive. Le consentement est important dans toutes les relations, mais il est particulièrement important dans les relations transgenres, car comme nous l’avons vu ici, les relations des personnes transgenres avec leur corps peuvent être compliquées.

CONCLUSION ET SOLUTIONS 

Des recherches supplémentaires sont de toute évidence nécessaires sur l’occurrence de tous les aspects du comportement autodestructeur, y compris les idées suicidaires, les tentatives de suicide et l’automutilation non suicidaire, en relation avec la transition de genre et les obstacles à la transition. De telles recherches permettraient de mieux comprendre les facteurs qui sous-tendent les pensées et les comportements suicidaires chez les personnes transgenres, en particulier celles qui souhaitent passer d’un genre à l’autre, et pourraient servir de base à la conception de meilleures interventions et de meilleurs services de prévention du suicide pour cette population.

BIBLIOGRAPHIE

  • Haas, Ann & Rodgers, Phillip & Herman, Jody. (2014). Suicide Attempts Among Transgender and Gender Non-Conforming Adults: Finding of the National Transgender Discrimination Survey. 10.13140/RG.2.1.4639.4641. 
  • Jiska Ristori & Thomas D. Steensma (2016) Gender dysphoria in childhood, International Review of Psychiatry, 28:1, 13-20, DOI: 10.3109/09540261.2015.1115754

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